Crise écologique au Lough Neagh : algues toxiques, pollution et impact sur l’environnement et l’économie

Le Lough Neagh en danger : prolifération d’algues bleues-vertes et dégradation de l’écosystème

Le plus grand lac du Royaume-Uni, le Lough Neagh en Irlande du Nord, est actuellement confronté à une prolifération préoccupante d’algues cyanobactériennes de couleur vert pâle, la troisième année consécutive. Ces algues toxiques ont transformé la surface du lac en une masse ressemblant à une soupe aux pois, tout en dégageant une odeur nauséabonde d’œufs pourris, perceptible à plusieurs kilomètres. L’étendue de cette couche verte est si considérable qu’elle peut même être aperçue depuis l’espace.

Des habitants inquiets face à la détérioration du lac

Les riverains, comme Mary O’Hagan, expriment leur inquiétude face à cette situation critique. Habitante de Ballyronan, elle déplore la dégradation du lac qu’elle qualifie de « en train de mourir », tout en observant des canards se débattant sur des pierres recouvertes de cette couche glissante et verte. Selon les experts, cette prolifération d’algues est alimentée par plusieurs facteurs, incluant la pollution industrielle et agricole, les eaux usées non traitées, la présence envahissante de moules zébrées ainsi que le changement climatique. Ce phénomène a également des répercussions économiques et sanitaires importantes, notamment sur la pêche, les activités nautiques, et la qualité de l’eau potable, dont environ 40% dépend du Lough Neagh.

Conséquences sur la faune, la flore et le tourisme

Les algues toxiques ont détruit une partie de la faune locale, notamment les populations de mouche, essentielles dans la chaîne alimentaire pour les poissons et les oiseaux, comme le souligne Mick Hagan. Ce dernier constate notamment la disparition des truites dans les rivières environnantes, autre signe du déclin écologique. La mauvaise odeur et la dégradation de l’environnement ont également dissuadé de nombreux touristes, impactant économiquement les activités locales, notamment avec la fermeture des sites de baignade et des activités nautiques.

Impact économique et mesures de gestion insuffisantes

Les entrepreneurs locaux, comme Gavin Knox qui a lancé une activité de paddle en 2022, souffrent de cette situation. La puanteur du lac est si forte qu’elle peut se faire sentir à plusieurs kilomètres, rendant difficile le fonctionnement de leur entreprise. M. Knox exprime sa frustration face à l’absence de mesures concrètes ou de compensation de la part des autorités, malgré un plan d’action annoncé en juillet 2024, dont moins de la moitié des mesures ont été appliquées à ce jour.

Les responsabilités et les défis liés à la pollution

Les principales origines de cette pollution pointent du doigt les rejets d’engrais provenant notamment des exploitations agricoles liées à l’industrie agroalimentaire, ainsi que le déversement d’eaux usées non traitées. Moy Park, un acteur majeur du secteur avicole, dément toute responsabilité en rappelant que le secteur est soumis à des réglementations strictes concernant la qualité des eaux usées. Cependant, la complexité du problème empêche d’attribuer la responsabilité à un seul secteur, soulignant la nécessité d’une gestion globale et coordonnée pour préserver cet écosystème fragile.