Paracétamol et grossesse : ce que montrent les études et les recommandations
Contexte et position publique
Des échanges publics autour du paracétamol pendant la grossesse ont été relancés après des déclarations du président américain lors d une conférence de presse. Il a évoqué un lien entre l utilisation du paracétamol et un risque d autisme chez l enfant. Les études les plus solides n établissent pas de danger pour le fœtus lorsque le médicament est utilisé à doses habituelles.
Des résultats cliniques récents
Le paracétamol, aussi appelé acétaminophène, est l analgésique le plus utilisé dans le monde. Selon une étude publiée en 2024 dans JAMA et réalisée en Suède, l usage du paracétamol pendant la grossesse n est pas associé à un risque d autisme ni à des troubles de l attention ou à une déficience intellectuelle lorsque les doses normales sont respectées.
Origine du débat
Le sujet a nourri des discussions dans la communauté médicale au tournant des années 2010 et 2020. En 2021, une tribune signée par une centaine de chercheurs et de médecins dans Nature Reviews Endocrinology appelait à informer les femmes enceintes qu il convient d éviter le paracétamol sauf indication médicale. Les auteurs invoquaient des données expérimentales et épidémiologiques laissant penser qu une exposition au paracétamol pourrait influencer le développement fœtal, mais le texte a suscité des critiques pour son caractère alarmiste.
Pourquoi ces inquiétudes persistent
Les inquiétudes reposent sur des études suggérant un lien éventuel entre l exposition au paracétamol pendant la grossesse et certaines pathologies, notamment l autisme. En 2015, une étude publiée dans Autism Research et basée sur des données danoises avait indiqué que le risque d autisme pouvait être réduit d environ la moitié lorsque la mère avait consommé du paracétamol pendant la grossesse. En 2025, une synthèse de quarante études publiée dans Environmental Health évoquait la possibilité d un lien, et ce travail a été cité par des responsables de l administration Trump. Beaucoup de chercheurs estiment toutefois que ces résultats ouvrent des pistes de recherche et présentent des limites méthodologiques.
Interprétation et limites des recherches
Les chercheurs rappellent que les mécanismes ne sont pas clairement démontrés et que des facteurs de confusion existent. Certaines études ne permettent pas d établir une relation causale directe, car des éléments qui entraînent la prise de paracétamol pourraient eux aussi influencer le développement neurodéveloppemental. À l inverse, l étude JAMA inclut une comparaison au sein de la même fratrie et prend en compte des facteurs héréditaires connus, ce qui renforce son efficacité à isoler l effet potentiel du médicament. Selon cette étude, la consommation de paracétamol ne modifie pas le risque d autisme de manière significative.
Conseils pratiques et sécurité
Comme tout médicament, le paracétamol présente des risques en cas de surdosage, en particulier pour le foie. En France, l Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé rappelle qu il faut privilégier la dose efficace minimale et limiter la durée d utilisation et qu en cas de doute, il faut demander conseil à un professionnel de santé.
Conclusion et comparaison avec d autres analgésiques
Le paracétamol demeure largement considéré comme l analgesique le plus sûr pour les femmes enceintes, surtout par rapport à l aspirin ou à l ibuprofene qui sont déconseillés en fin de grossesse en raison de risques potentiels pour le bébé, pouvant inclure des malformations ou des complications.