Perquisitions en France contre SOS Chrétiens d’Orient dans le cadre d’une enquête sur des crimes contre l’humanité
Des perquisitions liées à une enquête en cours
Les bureaux de l’ONG SOS Chrétiens d’Orient ont été perquisitionnés cette semaine dans le cadre d’investigations ouvertes fin 2020 en France, visant des soupçons de complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en Syrie, selon le parquet national antiterroriste (Pnat).
Selon le Pnat, plusieurs opérations ont eu lieu entre mardi et jeudi, impliquant des associations dont SOS Chrétiens d’Orient, des sociétés et des domiciles de particuliers, ainsi que des auditions en qualité de témoin ou de mis en cause. L’enquête est menée par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH).
Identité des acteurs et lieux touchés
Charles de Meyer, président de l’association créée en 2013 et revendiqué comme maurassien, a confirmé à l’AFP les perquisitions et indiqué que son ordinateur a été saisi. Il a aussi précisé avoir été entendu en audition libre.
Selon Franceinfo, les gendarmes de l’OCLCH ont perquisitionné les locaux de l’ONG à Boulogne-Billancourt et à Courbevoie (Hauts-de-Seine), ainsi que des locaux à Paris, et deux sociétés situées en Ille‑et‑Vilaine et en Essonne.
Soupçons et réaction de l’ONG
Des informations relayées par Mediapart et Franceinfo suggèrent que l’enquête pourrait viser une possible utilisation des fonds récoltés par l’ONG, potentiellement versés aux Forces de défense nationale (NDF), des milices pro‑Bachar el‑Assad accusées par des ONG syriennes d’avoir pillé des villages, bombardé des civils et entraîné des enfants au combat en Syrie.
Au moment des révélations de Mediapart début 2022, SOS Chrétiens d’Orient avait contesté auprès de l’AFP toute complicité dans des crimes, affirmant n’avoir « jamais été complice de quelque crime que ce soit ». Samedi, l’organisation a publié un communiqué rejetant ces « soupçons indignes » et rappelant que la traçabilité des dépenses est « totale, validée par des professionnels ». Elle affirme qu’une enquête impartiale démontrera l’ineptie des accusations et dénonce les moyens et la manière employés.
Le communiqué mentionne l’audition libre d’une poignée des 3300 bénévoles et membres de SOS Chrétiens d’Orient.
L’ONG rappelle son action en faveur des chrétiens victimes de persécutions dans la région, notamment face à l’aide apportée face à l’État islamique. Certaines voix critiques estiment toutefois que certains responsables pourraient adopter une position ambiguë envers le régime de Bachar el‑Assad.
Me Clémence Witt, avocate associée à Camille Tardé, est mentionnée dans le cadre d’un litige séparé: SOS Chrétiens d’Orient poursuit des intellectuels franco-syriens pour diffamation après des informations relayées ou commentées par Mediapart.