Argentine: des législatives déterminantes pour Milei et l’orientation de son programme économique

Contexte et enjeux des législatives argentines

Dimanche, l’Argentine a procédé à des législatives présentées comme déterminantes pour la capacité du président Javier Milei à réformer et déréguler une économie encore fragile, pendant les deux années qui restent de son mandat.

Premier test national pour l’économiste âgé de 55 ans, souvent décrit comme anarcho-capitaliste et vainqueur de la présidentielle de 2023, le scrutin vise à renforcer la base parlementaire de Milei afin de soutenir son plan politique. Par ailleurs, la consultation a été marquée par une annonce de soutien financier estimé à plus de 40 milliards de dollars, publics ou privés, promis à l’économie argentine par l’administration américaine.

Cependant, la prudence prévaut: Washington a averti que cette aide ne serait pas garantie en cas de défaite de Milei, selon les propos attribués à Donald Trump.

Déroulement et chiffres clés

Le dépouillement s’est prolongé jusqu’à 18h, heure locale, sans incident notable, et les premiers résultats étaient attendus dans la nuit. Le scrutin porte sur le renouvellement de la moitié des députés et d’un tiers des sénateurs, des chambres qui ne disposent pas d’une majorité absolue.

Perspectives et dynamique partisane

Selon les sondages, l’alliance de Milei, La Libertad Avanza, bien que restée au coude-à-coude avec l’opposition péroniste, devrait gagner des sièges supplémentaires par rapport à maintenant: environ 15% des députés et 10% des sénateurs. Pour Milei, viser un tiers des sièges constituerait un seuil permettant d’imposer des vetos et d’orienter certains textes.

Des voix de l’opposition, comme celle du sénateur centriste Martín Lousteau, appellent à un Parlement moins polarisé, avec moins de cris et d’insultes et davantage de capacité de dialogue pour faciliter la gouvernance.

Contexte social et bilan économique

Sur le plan économique, Milei peut s’appuyer sur des avancées notables: l’inflation est descendue d’un niveau dépassant 200% à environ 31,8% sur un an, et l’État affiche un équilibre budgétaire inédit depuis 14 ans. Toutefois, l’ampleur des mesures d’ajustement budgétaire reste contestée: le président rappelle qu’il s’agit du « plus grand ajustement budgétaire de l’Histoire », mais ces mesures ont entraîné la suppression de plus de 200 000 emplois et une réduction des financements dans les secteurs public de la santé et de l’université, accentuant une fracture sociale.

Des proches de Milei et des voix d’opposants décrivent une classe moyenne accablée par les restrictions, et témoignent d’expériences vécues, comme la suppression de postes dans un hôpital de santé mentale et la mise en pause de programmes d’aide à l’enfance et de lutte contre les violences intrafamiliales.

Des analystes, tels que Mauricio Monge de l’Oxford Economics, estiment que la confiance dans la capacité du gouvernement à réaliser des ajustements plus importants s’estompe et que les marchés financiers restent sceptiques quant à la pérennité du cap d’austérité.

Sur le volet financier international, les incertitudes demeurent: à plusieurs reprises en octobre, le Trésor américain est intervenu sur le marché des changes pour acheter des pesos et soutenir la devise, suscitant des craintes d’une dévaluation post-élection et d’un afflux de nouvelles turbulences si le cap n’est pas confirmé.

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