Sanctions de l’ONU contre l’Iran: réaction et enjeux du dossier nucléaire
Sanctions de l’ONU contre l’Iran: réaction et cadre du dossier nucléaire
L’Iran a condamné dimanche le rétablissement des sanctions de l’ONU à son encontre, dix ans après leur levée, dans un contexte de désaccord persistant avec les Occidentaux sur le programme nucléaire du pays. Le Conseil de sécurité a donné son feu vert à ces mesures, et elles entrent en vigueur dimanche à 00h00 GMT (2h en Suisse).
Cadre et typologie des mesures
Les sanctions réintégrées comprennent à la fois un embargo sur les armes et diverses mesures économiques. Elles étaient suspendues après l’accord de 2015 et réactivées après l’échec des négociations sur le nucléaire iranien.
Réactions officielles et positions des partenaires
Le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que la République islamique d’Iran défendra résolument ses droits et intérêts nationaux et que toute action visant à porter atteinte à ces droits fera l’objet d’une réponse appropriée. Le texte précise la dénonciation du retour des sanctions comme « injustifiable » et « illégal » et appelle les États à ne pas les appliquer.
Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran demeure le seul État sans arme nucléaire à enrichir l’uranium jusqu’à 60 %, un niveau proche du seuil technique requis pour une éventuelle arme, selon des estimations internationales.
Rôle des acteurs européens et mécanisme de « snapback »
Le trio européen — Royaume‑Uni, France et Allemagne — a activé fin août le mécanisme dit du « snapback », qui permet la réimposition des sanctions levées en 2015 dans un délai de 30 jours.
Diplomatie et appels à la retenue
Avant l’entrée en vigueur, l’Iran a rappelé ses ambassadeurs dans les trois pays pour consultations, et Londres, Paris et Berlin ont assuré poursuivre des efforts diplomatiques en vue d’une solution garantissant l’interdiction durable de l’arme nucléaire tout en appelant Téhéran à éviter toute escalade.
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a exhorté Téhéran à engager des discussions directes et de bonne foi, appelant à l’application immédiate des sanctions par tous les États afin d’exercer une pression sur l’Iran.
Conflit et cadres négociés autour du JCPOA
Avant l’application, le président iranien Massoud Pezeshkian a évoqué une proposition américaine exigeant la remise de tout l’uranium enrichi en échange d’une prolongation de trois mois de la suspension des sanctions, qualifiant cette demande d’« inacceptable ». Des rencontres à haut niveau se sont tenues en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, sans pour autant aboutir à une solution dans l’immédiat.
La Russie et la Chine ont proposé au Conseil de sécurité de prolonger de six mois le JCPOA, mais sans aboutir. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé les Occidentaux de saboter la diplomatie et a répété que la réimposition des sanctions ne pouvait être appliquée selon Moscou.
Antécédents et chiffres clés
L’accord de 2015, signé par la France, le Royaume‑Uni, l’Allemagne, les États‑Unis, la Russie et la Chine, visait à encadrer les activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée progressive des sanctions. Les États‑Unis se sont retirés du JCPOA en 2018 sous l’administration Trump, ce qui a conduit l’Iran à dévier de plusieurs engagements, notamment sur l’enrichissement.
L’AIEA estime qu’Iran dispose d’environ 440 kilos d’uranium enrichi à 60 %. Si cet uranium était enrichi à 90 %, des experts européens estiment que cela pourrait permettre la création de huit à dix bombes nucléaires, selon les évaluations publiques.